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1er Mai – Discours de Carlo Sommaruga

Chères et chers camarades,

Du travail décent pour toutes et tous, un logement digne pour toutes et tous, des retraites dignes pour toutes et tous, des services publics de qualité l’égalité maintenant, la protection de l’environnement et du climat, et la solidarité internationale ce ne sont pas les mantras d’un rêve collectif utopique. 

Ce sont les exigences réalistes d’un objectif commun et concret que nous, les forces syndicales, les mouvements sociaux pacifistes et environnementaux, les collectifs féministes et de femmes ainsi que les organisations politiques de progrès, souhaitons atteindre ensemble. 

Nous qui sommes réunis ici, en cette journée des travailleuses et travailleurs, le savons bien. Tout progrès social, à Genève, en Suisse, en Europe ou dans le monde, n’est obtenu que par la mobilisation et les luttes collectives. Qu’elles aient lieu au sein des entreprises, dans la rue ou dans les urnes, ces mobilisations et ces luttes forgent la conscience collective, construisent l’indispensable rapport de force favorable au travail et permettent les victoires contre le capital et ses multiples formes de division et d’exploitation des populations.

Ce 1ermai 2019, se déroule dans un contexte particulier. Un contexte plutôt sombre, mais avec de puissantes lueurs d’espoir. 

Le côté sombre, c’est celui de l’emprise des forces réactionnaires, nationalistes et néolibérales dans de nombreux pays. Trump aux USA, Bolsonaro au Brésil, Orban en Hongrie.  Mais ces forces sont également à l’œuvre en Suisse.  Ainsi, à Berne, les majorités UDC et PLR, au gouvernement et au parlement, méprisent sans scrupules les intérêts des salarié-e-s, des locataires comme des assuré-e-s et servent de manière éhontée les intérêts du capital. De manière dramatique, l’on assiste au détournement de l’aide au développement au profit des intérêts économiques suisses, à l’extension de la vente d’armes aux pays en guerre civile, au refus d’une sortie rapide du nucléaire, au corsetage de la lutte contre le CO2, aux politiques antisociales d’austérité, à la sous-enchère fiscale, internationale et intercantonale, à la remise en cause des services publics, au refus de protection contre les licenciements pour les plus âgés et vulnérables. Sans parler du profond mépris à l’égard des femmes et leurs droits économiques et sociaux. 

Mais il y a aussi un souffle nouveau plein d’espérance, celui qui rassemble des centaines de milliers de jeunes et de moins jeunes à travers le monde dans les marches pour le climat. Cette soudaine mobilisation remet en cause le modèle économique dominant de prédation, de production et de consommation imposé par les pays industrialisés. Ce modèle économique actuel fatal au climat comme à la justice sociale. La transformation climatique du système économique ne peut aboutir sans justice sociale. 

Cette mobilisation au cœur des pays industrialisés rejoint le combat des peuples autochtones mobilisés depuis longtemps pour la préservation de leur cadre de vie naturel, comme le combat des petits paysans d’Afrique, d’Amérique latine ou d’Asie pour la sauvegarde de leur mode de production agricole traditionnel.  

Cette énorme vague populaire mobilisée en faveur du climat, déjà appelée par certains de « marche du siècle », exige du monde la révision complète des dogmes du libre marché et de la responsabilité individuelle qui culpabilise les individus, pénalise les citoyens, autorise les déprédations environnementales et les surprofits des multinationales. 

En ce 1ermai 2019, il y a aussi le souffle et l’espoir d’avancées concrètes de la mobilisation féministe et des femmes. Une mobilisation justifiée à laquelle nous tous apportons notre solidarité et soutien. En effet, alors même que l’égalité salariale homme-femme est inscrite dans la constitution depuis près de 40 ans et dans la loi depuis plus de 20 ans, en Suisse les femmes subissent pour un même travail une inégalité salariale de 12% et même de 18% chez les cadres. Malgré cette injustice patente, au parlement fédéral, la droite bourgeoise et nationaliste, composée d’une écrasante majorité d’hommes, refuse de mettre en place les outils pour obtenir l’égalité effective, pire cette majorité entend pénaliser les femmes en réhaussant l’âge de la retraite à 65 ans. Notre combat pour l’égalité c’est donc le refus résolu de l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes et l’engagement pour un congé parental suffisant qui permette un partage effectif des taches éducatives et ménagères.  

Camarades, 

La mobilisation pour le climat et celle pour les droits des femmes ne sont pas dissociées de celles des maçons pour une Convention collective de travail, de celle des nettoyeur-euse-s des WC de la Ville de Genève pour une stabilité de l’emploi, de la révolte des stagiaires réclamant salaire, des manifestations pour le droit à la ville et des logement abordables ou encore celles pour une réduction des primes d’assurances maladie ou contre le démantèlement de la protection salariale dans l’accord cadre avec l’UE.

Toutes ces mobilisations qui doivent converger sont l’expression de l’exaspération contre un système économique et les politiques mis en place par les forces politiques dominantes générant inégalité, injustice sociale et atteinte au climat. Ensemble, faisons en sorte que le vent du changement ne tombe pas. En cette année électorale nationale, le souffle de la jeunesse pour le climat, des femmes pour l’égalité, des mouvements sociaux et syndicaux pour la justice sociale, doit se renforcer encore et encore et se transformer, le 20 octobre prochain, lors des élections nationales, en un franc succès des forces politiques progressistes. 

Briser la majorité UDC PLR au parlement et au sein de la délégation genevoise aux chambres fédérales est possible. Avec votre engagement, avec votre participation, le changement social et climatique passera aussi par le parlement national. 

Carlo Sommaruga

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