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Comment et pourquoi soutenir la culture en temps de COVID-19

Par Sami Kanaan
Maire de Genève


Dès l’annonce du 1er cas COVID le 25 février dernier, il aura fallu 3 jours avant que le virus n’atteigne le secteur culturel, interdisant les manifestations de plus de 1000 personnes. Depuis, les annulations, limitations et interdictions se sont multipliées jusqu’au fameux 13 mars où les frontières et l’ensemble des institutions ont été paralysées dans toute la Suisse.

Les acteurs et actrices culturel-les ont figuré parmi les premières victimes du virus, car ils et elles ont dû tout arrêter, sans ou avec peu de moyens de télétravail (même s’ils et elles n’ont pas manqué de créativité et proposé de nombreux aménagements). La crise a mis en lumière la précarité de nombreux métiers de la culture. Aussi bien des technicien-nes de plateaux, administrateur-trices, que musicien-nes, dont une récente étude britannique montre que plus d’un tiers ont l’intention d’abandonner complètement leur carrière en raison des difficultés financières auxquelles ils et elles sont confronté-es depuis le début de la pandémie.

Les collectivités publiques ont bien sûr réagi rapidement, avec la décision de la Ville de Genève, dès le 27 mars, de maintenir les subventions octroyées malgré l’annulation ou le report de manifestations afin de garantir le paiement des engagements ainsi que le versement d’indemnités afin de ne pas mettre en péril de cocontractant-es.

Par ailleurs, afin de mettre en œuvre l’ordonnance fédérale COVID culture du 20 mars, le Canton a ouvert le 6 avril un guichet cantonal culture en partenariat avec les communes. Le dispositif prévoit des aides d’urgence subsidiaires ad hoc pour le secteur culturel, sous forme d’indemnisations des pertes financières du fait de la crise. La période jusqu’au mois de septembre a donc permis de recueillir les demandes d’aides qui ne sont certainement pas encore définitives au vu de la complexité juridique des démarches à entreprendre.

Mais ce soutien n’est pas à négliger. Non seulement pour l’importance que revêt la culture pour le public et pour la cohésion sociale. Mais également pour des raisons économiques trop souvent minimisées. Les activités créatives et culturelles (y compris le design, l’architecture, etc.) représentent la 2e branche économique du Canton, juste derrière la finance. Elles pèsent 2.5 fois plus que l’horlogerie, en termes de valeur ajoutée (4.5 milliards de francs, soit 9% du PIB cantonal).

Cela étant, les lieux festifs et nocturnes sont fermés depuis le 31 juillet et les enjeux de limitation de jauges et autres restrictions restent en vigueur. Mais on peut se réjouir néanmoins de signaux positifs, dont celui des parlementaires fédéraux qui ont modifié le 23 septembre dernier la loi COVID octroyant une aide complémentaire de 20 millions de francs à la culture, élevant à 100 millions le montant d’aide d’urgence à disposition de l’Office fédéral de la culture pour les prochains mois.

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