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Non à une loi antisociale et discriminatoire

Par Caroline Marti
Députée, Cheffe de groupe


Le 13 février prochain, nous serons amené-es à nous prononcer sur une modification de la Loi générale sur le logement et la protection des locataires (LGL). Cette modification de loi, combattue par référendum par l’ensemble des partis de gauche, par l’ASLOCA, le RPSL, Caritas, le CSP et les syndicats vise à réduire l’accès à un logement subventionné pour certaines catégories de personnes.

Aujourd’hui, avant de pouvoir s’inscrire sur la liste des demandeur-euses de logements subventionnés, une personne doit avoir résidé dans le canton pendant 2 ans (continus) au cours des 5 dernières années. La modification soutenue par l’ensemble de la droite (PLR, PDC, UDC, MCG) prévoit d’augmenter ce délai de résidence à 4 ans sur les 8 dernières années. Cette nouvelle loi est totalement discriminatoire vis-à-vis des personnes récemment arrivées à Genève (qu’elles viennent de l’étranger ou d’une autre région de Suisse) mais aussi vis-à-vis des Genevois-es qui seraient parti-es vivre quelques années à l’extérieur du canton et qui souhaiteraient revenir s’installer à Genève. Plutôt que de s’attaquer à la racine du problème, à savoir le manque de logements bons marché accessibles aux classes moyennes et populaires, la droite préfère monter les personnes précaires les unes contre les autres sur la base de leur lieu de résidence, créant ainsi une nouvelle facture sociale dans notre canton.

Cachée dernière l’argument fallacieux d’une pseudo défense des intérêts des classes moyennes et populaires genevoises, la droite protège en réalité les intérêts des propriétaires immobiliers. En effet, plutôt que d’augmenter le nombre de logements subventionnés pour répondre aux besoins (7000 personnes sont sur liste d’attente), la droite préfère « réserver » ces logements aux « bon-nes Genevois-es de souche » pour ne pas devoir augmenter la part de logements subventionnés, moins lucratifs pour les propriétaires et promoteur-euses. Mais il faut le dire et le répéter, cette loi ne réglera en rien la crise du logement et la pénurie de logements abordables.

Par contre, cette nouvelle loi prolongera et aggravera la précarité dans laquelle vivent ces personnes qui devront attendre deux années supplémentaires avant de pouvoir accéder à un logement abordable, décent et qui corresponde aux besoins de leur famille. On pense notamment aux familles mal logées qui s’entassent dans des appartements trop petits, aux bénéficiaires de l’aide sociale logé-es dans des hôtels ou des personnes qui vivent dans des foyers surpeuplés. Des situations humainement difficiles, qui nuisent très fortement à leur intégration sociale et économique et qui coûtent extrêmement cher à la collectivité.

Le 13 février, votez et faites voter non à une loi discriminatoire, antisociale, qui réduit l’accès aux logements bon marché pour les personnes qui en ont besoin mais qui ne règle en rien la crise du logement à Genève.

 

Une situation déjà compliquée sur le terrain

 

3 questions à Lucia Rosales Deshusses, membre du Comité directeur, responsable d’équipe au Centre d’action sociale de Vernier.

Quelles sont tes craintes si cette loi était acceptée ?
À Vernier encore plus qu’ailleurs, ça aurait des conséquences dramatiques. Notre unité est une de celles qui réunit le plus de situations précaires du canton. Les familles que nous suivons sont souvent dans l’impossibilité d’accéder aux logements du marché libre, d’abord parce que les loyers sont trop élevés, ensuite parce qu’elles ont souvent dû s’endetter avant de faire recours à l’aide sociale et ne remplissent pas les conditions exigées par les régies. Durcir les conditions d’accès au logement social ne va faire que renforcer le cercle vicieux de la précarité, dans lequel se trouvent nombre de nos usager-ères. De plus, cela coûterait tout aussi cher à la collectivité car nous avons recours aux hébergements d’urgence.

Qu’est-ce que ça va changer ?
Ça aura un impact énorme, non seulement sur l’accès aux logements subventionnés, mais aussi sur l’accès à l’allocation logement. J’ai l’impression qu’on prend le problème par le mauvais bout : le problème ce n’est pas le nombre d’inscrit-es sur les listes d’attente, mais plutôt le nombre de logements disponibles, qui fait cruellement défaut.

Quelles situations rencontres-tu au quotidien ?
Je peux citer le cas d’une famille que nous suivons depuis longtemps : une mère célibataire vivant avec ses quatre enfants dans un trois pièces. Dans ces conditions, il n’est pas possible de mener une existence sereine. S’en sont suivis une dégradation des résultats scolaires des enfants, des problèmes importants de santé pour la mère… Heureusement, nous avons pu trouver une solution et la famille a obtenu récemment un 6 pièces. Je ne peux pas imaginer ce qui se serait passé si j’avais dû demander à cette maman de patienter deux ans de plus avant de pouvoir s’inscrire pour avoir accès à un logement social.

Propos recueillis par Frédérique Bouchet

 

 

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