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Porter le cinéma suisse au-delà des frontières !

Joëlle Bertossa
Coprésidente du PS Ville de Genève et productrice de films


J’ai une chance inouïe, mon métier consiste à produire des films. Un métier un peu étrange et méconnu du grand public, mais un métier passionnant qui m’a permis de rencontrer des artistes et technicien-nes lié-es par une même ambition : raconter des histoires qui dépassent les frontières et réunissent les spectateur-trices.

Le cinéma suisse peut être fier de ses succès, car malgré un financement modeste, ses œuvres rayonnent dans le monde entier sur les petits et grands écrans. La ligne, d’Ursula Meier, était présenté en compétition au prestigieux Festival de Berlin en février dernier, la série Sasha a remporté un vif succès sur Arte et La MIF du Genevois Frédéric Baillif est nommé quatre fois au Prix du Cinéma Suisse et encensé par la presse étrangère.

Ces succès révèlent la grande diversité des talents suisses et leur potentiel, souvent limité par les moyens restreints. La modification de la Loi sur le cinéma permettrait d’augmenter les ressources disponibles pour la création audiovisuelle suisse d’environ 18 millions par an. Ces moyens supplémentaires signifieraient plus de films et séries suisses, mais aussi une meilleure rémunération pour les travailleurs et travailleuses de l’audiovisuel, en grande majorité intermittent-es ou précaires. La Lex Netflix demande aux plateformes et entreprises qui diffusent du contenu en ligne de réinvestir 4 % de leurs recettes brutes réalisées en Suisse dans la production nationale, ce qui est déjà le cas dans la plupart des pays européens : Italie 10 %, France entre 12 et 22 %, Espagne 5 %.

Ce montant de 4 %, proposé par le Conseil Fédéral, correspond à celui fixé pour les chaînes de télévisions suisses qui investissent une partie de leurs recettes dans la production helvétique. En modifiant la Loi sur le cinéma on harmonise cette obligation en y incluant les plateformes de streaming toujours plus présentes dans notre quotidien. Ces plateformes investiront directement dans la production ou l’achat d’œuvres suisses (séries et films, tant de fiction que documentaires), augmentant ainsi le nombre de productions et d’opportunités pour tout un secteur en expansion.

L’audiovisuel est une industrie importante pour la Suisse qui compte un grand nombre d’auteur-es, de cinéastes, de technicien-nes, ainsi qu’une relève très dynamique. L’industrie audiovisuelle est un moteur pour l’économie locale et permet de multiples retombées économiques (hôtellerie, restauration, sociétés de location de matériel, etc). Selon une étude effectuée par Ernst&Young en 2019, 1 CHF investi par la Fondation romande pour le cinéma dans la production audiovisuelle génère 3 CHF de retombées au niveau local.

Cette modification de la Loi sur le cinéma a été validée en automne dernier par les deux chambres du Parlement et est plébiscitée par tous les milieux concernés. Elle est une véritable aubaine tant sur le plan artistique que sur le plan économique. Ne la laissons pas passer ! Votons OUI le 15 mai !

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