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Prévenir la détresse pour lutter contre la précarité

Par Thierry Apothéloz,
Conseiller d’État


À l’heure où vous lirez ces lignes, Camarades, ce seront près de 1500 personnes qui auront bénéficié d’une orientation, d’un appui ou d’un accompagnement auprès du Bureau d’information sociale (BiS) que nous avons lancé en novembre dernier. L’originalité de la démarche est qu’elle offre une large palette d’intervenant-es, issu-es de tous les secteurs de l’action sociale. On y retrouve des services de l’administration cantonale, des partenaires institutionnels (Hospice général, services sociaux communaux), des associations (comme par exemple Caritas ou le Centre social protestant), des juristes de l’ASLOCA et même des psychologues, pour accompagner les personnes en détresse.

La crise sanitaire que nous traversons est en effet devenue une crise sociale. Et la pandémie, on le sait, n’a fait qu’amplifier les inégalités, comme l’a récemment montré une étude du Centre de recherches économiques de l’EPFZ. La crise agit comme le miroir grossissant d’une cohésion sociale en souffrance.

Certes, les collectivités publiques ont agi avec célérité dès les premiers effets du Covid et pris une série de mesures successives sur tous les plans. Au niveau de l’action sociale et de mon département, ce sont près de 50 millions qui ont été investis par le canton pour faire face à la crise (indemnités pour pertes de revenus, coordination et financement de l’aide alimentaire, soutien financier aux associations, etc.). Mais comment s’y retrouver dans un système de prestations déjà tellement complexes, enchevêtrées les unes aux autres, dépendant d’autorités diverses et attribuées selon des critères à chaque fois différents ? Accéder à ses droits est déjà difficile en temps normal. C’est dire si – paradoxalement – celles et ceux dont les besoins sont aujourd’hui les plus criants, sont également les plus déboussolé-es face à une machine administrative qui a encore ajouté de la complexité à ses rouages.

Le BiS a ceci d’original que, à l’instar d’une consultation médicale, il offre immédiatement une intervention sociale de premier recours, permettant de donner la réponse la plus concrète possible aux problématiques – parfois multiples – rencontrées par celles et ceux qui s’y rendent.

À l’heure où nous devons faire front commun pour enrayer le creusement des inégalités, il faut faire feu de tout bois et multiplier les accès au droit. En d’autres termes, à l’heure où la population a besoin d’un État fort, présent et disponible, c’est à ce dernier de franchir le pas et d’aller au contact de celles et ceux qui ont le plus besoin de sa protection. Être sur le terrain, à la rencontre des gens, se rendre disponible et apporter des réponses rapides et concrètes, voilà l’utilité du BiS.

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