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Une aide sociale forte pour un état fort

Thierry Apothéloz
Conseiller d’État


Je déposerai tout prochainement au Conseil d’État un projet visant à remplacer notre législation sur l’aide sociale, désuète et dépassée, par un dispositif innovant, ambitieux et résolument plus efficace que le système actuel. Car il y a aujourd’hui urgence. En 10 ans, le nombre de personnes à l’aide sociale a augmenté de près de 76 % et la durée de suivi d’un dossier a plus que doublé durant la même période ! Pendant ce temps, la population genevoise, elle, n’a crû que de 10 %. La conclusion est malheureusement limpide : on assiste à une paupérisation croissante de la population, alors même que notre canton produit chaque année de plus en plus de richesse ! Ainsi, c’est près de 3 % des Genevois-es qui se retrouvent aujourd’hui à l’aide sociale (dont un tiers d’enfants, il faut toujours le rappeler !).

Le projet de loi sur l’aide sociale et la lutte contre la précarité que je défends vise à remplacer l’actuelle loi sur l’insertion et l’aide sociale individuelle (LIASI) en vigueur depuis 2012 et qui n’a manifestement pas atteint les objectifs de réduction du nombre des bénéficiaires qu’elle s’était fixée, tant s’en faut. Pour exemple : le taux d’insertion dans le marché du travail n’a pas bougé en près de 10 ans.

Le nouveau dispositif que je propose s’articule autour de deux axes forts : premièrement, il s’agit de renforcer considérablement les mesures de formation, de
qualification et de requalification professionnelle (près de la moitié des personnes à l’aide sociale à Genève n’ont aucune formation achevée !). Deuxièmement, il faut que l’argent gagné par les bénéficiaires qui reprennent un emploi, même à taux partiel, puisse être conservé, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, avec des conséquences néfastes sur la motivation à travailler.

Ce projet vise aussi à renforcer la dignité de celles et ceux qui touchent l’aide sociale, en majorant notamment les barèmes à destination des familles, en renforçant considérablement l’accompagnement social, en réduisant les tracasseries administratives au maximum, en luttant efficacement contre l’endettement, en mettant l’accent sur le maintien du logement ou encore en renforçant le soutien sanitaire.

Au final, ce projet de loi prend le contre-pied de la tendance actuelle, qui se développe dans la plupart des autres cantons, visant à drastiquement diminuer les prestations de l’aide sociale. Je pense au contraire qu’investir dans l’accompagnement, dans la confiance et dans le partenariat, nous permettra de renforcer considérablement notre filet social, de le rendre plus juste, plus humain et de s’assurer qu’il ne laisse personne au bord du chemin.

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